Billet littéraire cette fois-ci !!
J’ai décidé de participer au projet lancé par PapaPanique « potentiel évoqué ».
Le principe ? un visuel comme base d’écriture, partagé par toutes les personnes qui en ont l'envie.
Pour ce premier volet, c’est une photo de Mila Deth nommée « Amoureux d’automne » qui nous a été proposée.
J'ai souhaité laisser libre court à mon imagination, et c'est ici une fiction sous forme de nouvelle qui prend part à l'aventure !
Et au bout une promesse.
Malgré l’épaisse couverture nuageuse et le dense plafond de feuilles orangés, l’atmosphère est curieusement lumineuse en cette fin d’après midi d’octobre.
Je regarde ma montre :
Deux heures que je marche.
120 minutes que je cogite.
7200 secondes que je me torture l'esprit et que mes élucubrations nouent mes entrailles.
Mes foulées se sont faites peu à peu plus lentes, et mes pas martèlent de moins en moins fort l’épais tapis végétal à mesure que je m'enfonce dans les méandres de la raison.
Je cherchais un environnement propice à la réflexion : la foret m’a tendu ses innombrables bras réconfortants, fussent-ils à cette saison clairsemés et pourvus de feuilles gondolées.
J’aperçois l’orée.
J’hésite un instant, marque un temps d’arrêt : suis je réellement prête à rentrer ? Serais-je jamais capable de me décider ?
L’allée qui se profile devant moi est majestueuse.
Tous les tons de marron et d’orange se déclinent à l’infini et les derniers rayons du soleil instillent sur les végétaux un vernis d’irréel.
J’inspire et expire profondément plusieurs fois.
Les sons me parviennent complètement étouffés par la végétation.
Seul le crissement des feuilles qui agonisent au contact de mes bottes me rappelle que je ne suis pas sourde.
Je n’ai aucune envie de sortir cette bulle.
Je voudrais faire encore durer cette parenthèse et laisser en suspend la décision que j’ai bien peur de finir de prendre.
Comment être jamais certain de ses choix ?
Soudain deux silhouettes se profilent.
Deux heures que je marche.
120 minutes que je me poursuis.
7200 secondes que je tente d’échapper à mes démons.
Les deux ombres chinoises se prennent par la main.
La grande silhouette saisit la plus menue par les bras et je devine qu’elle imprime avec douceur ses lèvres sur les siennes.
Deux heures que je marche.
120 minutes que je me cherche.
7200 secondes que je cherche par tous les moyens à me persuader qu’il n’y a pas d’autre issue possible.
Subitement tout semble si évident, comme si la brume qui avait enveloppé mon esprit s’en était brusquement allée.
Est-ce la vision de ces deux êtres, si justes l’un pour l’autre ?
Est-ce cet environnement ouaté, d’une justesse insolente ?
Serait-ce cette atmosphère, si justement pénétrante qu’elle en est presque palpable ?
Non, je pense que c'est simplement toi... juste là.
Désormais sûre de moi, je reprends la marche d’une foulée assurée.
Je ressens jusque dans les tempes mes pulsations cardiaques qui sont tiennes aussi.
Je veux sortir de cette foret amie, en même temps que de mes réflexions.
Au bout de cette allée, il est une promesse.
Je dépasse le tendre couple sans les regarder, mon essentiel est ailleurs : il se niche au creux de mon ventre.
À deux ils semblent si forts...
Nous ne serons que deux, mais je serais forte pour trois.