• Le plan Seveso

     

    Le plan Seveso

                Hier matin je rentrais d’une agréable sortie « courses » au supermarché du coin, accompagnée de Dragibus et de Micro-Poulette, profitant du fait que Pretty-Poulette et Numérobis soient retenus dans leurs établissements scolaires respectifs.

                Au volant de ma voiture, je m’engageai dans notre petite rue tout en expliquant à Dragibus qu’il ne fallait hurler « vert » que lorsque le feu était effectivement bien vert (sinon ça peut vite être dangereux) et découvris une demi-douzaine de véhicules en tous genres stationnés juste devant notre domicile.

                Camions de pompier, voitures de police et autres fourgonnettes d’organismes non identifiés se trouvaient là, ainsi qu’une bonne trentaine de badauds attroupés juste devant le Six in the city Mansion.

                Micro-Poulette dans les bras et talonnée par un Dragibus surexcité par autant de gyrophares, j’avançai au devant de tous ces hommes en uniforme - regrettant déjà d’avoir zappé mon brushing matinal - et pressée de savoir quelle histoire abracadabrantesque m’attendait encore...

                J’eus une amère pensée pour les glaces Mickey qui n’allaient sans aucun doute pas apprécier cette attente impromptue dans le coffre de notre monospace... Trop inquiète pour me désoler à l’avance de la formidable flaque laiteuse qu’il allait me falloir nettoyer, je tachais d’effacer cette pénible pensée d’un coup d’éponge virtuelle.

                Je tentai d’entrer par la porte de notre garage, lorsque, me prenant pour la plus commune des mortels, un gaillard pompier m’interpella :

                — Oh ! Là ! Vous ! On n’avance pas au delà des banderoles : « CRIME SCÈNE – DO NOT CROSS ».  Vous n’avez jamais regardé la TV, ou bien ? Reculez ma petite dame !

                — Vous faites erreur, j’habite là !

                — Mme Six in the city ? Excusez moi, je suis confus, je ne vous avais pas reconnue, rapport à vos cheveux, peut être.

                — Oui, Bon, passe pour cette fois. Que faites vous ici ?

                — Écoutez, ça me fait de la peine de vous l’annoncer, mais nous allons devoir dynamiter le Six in the City Mansion...

                — Pardon ?! Rien que ça ?

                — Les experts de Miami et de Las Vegas se sont concertés avec le Mentalist : le préfet vient de décréter un plan Seveso. Il semble qu’il y ait une arme chimique quelque part dans votre domicile.

                — C’est du délire ! J’imagine que c’est un coup des pensionnaires pour zapper l’école demain !

                — La théorie du complot ?

                — Je ne sais pas... Je ne sais plus... Et je reste plantée là... Je vais entrer et voir de quoi il retourne.

                — Impossible, vous n’y pensez pas ! Une équipe de spécialiste est sur la route...

     

                Il faut plus de trente-cinq hommes en uniforme pour arrêter une Reine-Mère déterminée. Cinq minutes plus tard, je m’apprêtais à pénétrer dans la maison, non sans avoir revêtu une combinaison de protection étanche à tous types d’agents chimiques et bactériologiques.

                Je leur laissai la garde de mes deux petites têtes brunes en leur donnant les consignes de sécurité de base : ne pas laisser mon Dragibus jouer avec les extincteurs, et ne pas utiliser la sirène deux tons en présence des fragiles oreilles de ma Micro-Poulette chérie.

                J’entrai courageusement.

                Armée d’un détecteur, j’arpentai les différentes pièces du rez de chaussée une à une, sans remarquer quoi que ce soit de suspect. Pas de restes nauséabonds dans le frigo, ni de couches explosives dans la poubelle... L’eau de l’aquarium n’avait certes pas été changée depuis trois semaines, mais pas de quoi fouetter un chat innocent...

                Je décidai alors de poursuivre mes prospections à l’étage, tout en communiquant par radio avec l’extérieur :

                — Alors Reine-Mère, quoi de neuf ?

                — Nada, mon ami. Le néant total. Vous êtes sûr que ce n’est pas une fausse alerte lancée par Queen-Mummy, ou pire, une nullipare ?

                — Négatif, Reine. Nous venons de communiquer toutes les données à l’Inserm : il se trouve que nous avons à faire à du très lourd... Vous êtes certaine que vous vous sentez capable de continuer ?

                — J’en ai vu d’autres, mon p’tit gars. Je vous recontacte quand j’ai du nouveau.

                — Non ! Vous êtes inconsciente ! Ne coupez pas Reine-...

     

                Je continuai, assez stressée, il faut l’admettre, ma progression dans le couloir. Une intervention inopinée d’un Buzz l’éclair mal éteint me fit sursauter : « Vers l’infini et au-delà ! », m’encouragea t’il. Un signe : je devais m’accrocher. Il en allait de la survie de notre domicile.

                Je m’apprêtais à franchir le seuil de la chambre de Micro-Poulette lorsque j’entendis distinctement des hélicoptères approcher du périmètre de sécurité. De la fenêtre de sa chambre, je distinguais des CRS qui faisaient évacuer la totalité des habitations avoisinantes.

                Rien à signaler. Échec cuisant. J’allais devoir m’en remettre aux spécialistes et capituler... Soudain, le compteur de mon détecteur s’affola. J’esquissai un mouvement de recul : sur quoi allais-je bien tomber ? N’écoutant que mon courage, et bien décidée à ne pas partager une chambre d’hôtel à six le soir même, je poussai la porte de la chambre de Dragibus.

                De l’orange, l’aiguille du compteur grimpa dans le rouge en moins de deux. Je restai quelques instants sans bouger. Chaque chose semblait à sa place : les peluches jonchaient le sol, le lustre pendouillait lamentablement, les livres étaient disposés un peu partout comme d’habitude. Non, vraiment...

                Mais une puissante odeur réussit à percer l’épaisse combinaison de survie. En apnée, j’avançai alors en direction du lit à barreaux, et, avec un cintre trouvé sur le petit porte-manteau, j’entrepris de fouiller et remuer les draps Winnie l’Ourson.

                Je compris. Une folle gaieté envahit ma poitrine : nous étions sauvés, il s’agissait là d’une fausse alerte ! Je courus jusqu’à la fenêtre donnant sur la rue, et rassurai aussitôt la foule inquiète au moyen d’un mégaphone-jouet qui trainait dans la pièce.

                — Ce n’est que Doudou ! No problem ! Je répète : « ce n’est que Doudou qui fouette ! »

                Un peu trop optimiste, et oubliant que j’avais à faire à une assemblée d’amateurs, je brandis alors Doudou par la fenêtre en signe de victoire. Cela eut pour effet de semer une terrible panique. À la vue de l’informe carré gris, élimé et visqueux, les badauds furent saisis d’effroi, et j’assistais aussitôt à une mêlée géante. Je redescendis en quatrième vitesse rejoindre les professionnels ainsi que mes enfants, en prenant garde cette fois de cacher la peluche derrière mon dos.

                — Rentrez tous chez vous. Je vais pouvoir gérer la crise seule. Il faut juste que Dragibus ne s’aperçoive de rien, chuchotai-je au chef.

                — Non mais sans blague ! C’est ce petit âne gris qui dégage ces odeurs pestilentielles ? Il faut le brûler !

                — Vous plaisantez ? Vous croyez que les nuits sont une option pour mon organisme ?

                Trop tard. Dragibus, qui n’était tombé du dernier paquet de Haribo, avait senti son meilleur ami. Hors de question pour lui de le laisser en apnée dans de l’eau à 40°C durant plus d’une heure...

                — Ze veut Doudou !!!!

                — Euh.. En temps normal, j’essaie de laver fréquemment mais... j’ai comme qui dirait des éléments extérieurs à prendre en compte.

                — ZE veut DOUDOU !!!

                — Je comprends, un Dragibus en colère c’est très difficile à gérer.

                — Ze veut DOUDOU !!!

                — A qui le dites-vous ! Et bien sûr il ne veut pas de celui de rechange, trop neuf ! Il sent trop bon pour être honnête.

                — ZE VEUT DOUDOU !!!

                — Comment pourrais t’on vous aider... Les gens s’évanouissent... Il en va de la survie de l’espace, là !

                — ZE VEUT DOUDOU !!!!

                — Dites ? Le temps que je lance une machine, vous ne sortiriez pas la grande échelle ?

     

    ©Sixinthecity     

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    « La fonction cachéeBouge ta Reine-Mère ! (Wesh Wesh) »

  • Commentaires

    1
    Jeudi 30 Janvier 2014 à 15:58

    tu es une grande malade !!!

    2
    Jeudi 30 Janvier 2014 à 16:04

    hé hé, mais c'est arrivé en vrai!!!

    3
    Alouette
    Jeudi 30 Janvier 2014 à 17:12

    ZE VEUT DOUDOU ! ZE VEUT DOUDOU ! ZE VEUT DOUDOU ! x 150 !


    Mais il voulait seulement faire un peu concurrence avec les sirènes des pimpons ton Dragibus !!


     

    4
    Vendredi 31 Janvier 2014 à 16:13

    taratata, je sais que c'est pas vrai.

    Pour avoir vécu dans une caserne pendant 5 ans, je peux te dire que les pompiers dans l'IRL ils ressemblent pas à ça du tout (à part mon mari, évidemment)

    5
    Vendredi 31 Janvier 2014 à 16:40

    taratata, tu t'en fais arnaquée !!

     

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    6
    Fabienne
    Vendredi 31 Janvier 2014 à 17:01
    Bonjour,
    Tous les Posts sont très drôles,
    J'en pleure de rire & de compassion, avec mes 4.(9,7,3,2)
    Bonne continuation
    Fabienne
    7
    Vendredi 31 Janvier 2014 à 17:09

    merci Fabienne, compassion partagée alors!!!

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